Naviguer entre bonheur et souffrance « J’aime trop la vie pour ne vouloir qu’être heureux », dit le romancier Pascal Bruckner. La pleine conscience nous invite à être présent à notre état intérieur et à celui des autres. Nous aimerions souvent vivre dans un monde parfait, dénué d’obstacles, rempli de plaisirs et d’optimisme. Cependant, nous vivons dans un monde empli de dualités : joie/douleur, échec/succès, gain/perte. C’est parce que nous souffrons que nous avons besoin de douceur et d’amour et que nous construisons les concepts de plaisir et de bonheur. La compassion envers autrui et envers soi-même naît de la capacité à nous relier à la souffrance avec bienveillance. Comme l’indique Thich Nhat Hanh[1] : « Sans boue, pas de lotus ». Nos difficultés peuvent devenir le terreau d’apprentissage, de bonheur, et de lumière. Lorsque nous évoquons la souffrance, le champ est très large. Cela peut aller d’une situation du quotidien désagréable jusqu’à une situation intolérable qui nous submerge. Au même titre que la joie, la tristesse et la colère font partie de la vie. La pleine conscience nous apprend à savoir ce que l’on vit lorsque nous le vivons, à reconnaître et accepter ce que nous vivons dans l’instant présent et à nous aimer quoi qu’il nous arrive. Sans boue, pas de lotus La pleine conscience débute le plus souvent par une intériorisation, une pratique solitaire nécessaire pour apaiser l’esprit et comprendre l’origine interne de nos stress et de nos difficultés. Dans la souffrance, nous pouvons avoir tendance à nous sentir isolé, séparé d’autrui, mais cela est une illusion : nous partageons tous la même humanité. Qui qu’il soit et bien qu’elle soit propre à chacun, l’être humain ne peut éviter la douleur. Depuis l’adolescence, je (Sandrine) vis avec un trouble du comportement alimentaire. Longtemps, j’ai pensé être seule à avoir des problèmes de poids. Je portais un regard très dur sur moi-même. Ce thème était tabou à mes yeux, et en parler, honteux. Je me disais souvent : « Pourquoi n’y a-t-il que moi qui grossis dès que je mange deux parts de gâteau ? Toutes ces femmes sur les magazines sont si minces et belles. » Lire des ouvrages sur le sujet, voir sur les réseaux sociaux d’autres, femmes ou hommes, qui traversaient les mêmes difficultés, a représenté un réel secours. Je partageais enfin cette humanité commune. Retrouvez tous mes programmes : Umenity [1] Thich Nhat Hanh, Sans boue, pas de lotus, Courrier du Livre, 2021. Extrait de notre livre : Cheminez vers votre sagesse intérieure, édition Eyrolles – Sandrine Jourdren & François Guillouet