Nos dragons et nos trésors « Peut-être que tous les dragons de notre vie sont-ils des princesses qui n’attendent que le moment de nous voir un jour beaux et courageux. Peut-être que toutes les choses qui font peur sont au fond des choses laissées sans secours qui attendent que nous les secourions. » Rilke Nos dragons sont nos trésors. Cette citation rappelle les contes où le chevalier terrasse un dragon pour récupérer un trésor. Ce dragon représente les émotions difficilement exprimées. Nous devons le rencontrer, nous approcher, le reconnaître. Ce dragon a besoin d’être apprivoisé. Dans certaines peintures, il est attaché par un ruban tenu par une jeune fille qui représente la bonté, la bienveillance. Ce dragon représente aussi la sagesse brute. La jeune fille sait que l’archaïque ne doit pas être détruit mais compris. Le chevalier représente le courage et la vaillance. En effet, nous relier à nos émotions, à notre vulnérabilité, demande du courage. C’est pourquoi le prince/courage a besoin de la princesse/bienveillance pour s’approcher du dragon/émotion et ainsi découvrir ses plus beaux trésors. Il s’agit ainsi d’inventer un nouveau rapport à la vie et à nos émotions. Nos dragons peuvent devenir nos trésors. Lorsque nous ressentons des émotions difficiles ou dites « négatives », nous nous jugeons : Je ne devrais pas être triste, je ne devrais pas être jaloux, nous repoussons l’émotion. Nous pensons que quelque chose ne va pas chez nous. Cette réaction est confortée par notre société qui rejette les émotions négatives. La bienséance voudrait que nous soyons heureuse, calme et sereine en permanence, dénuée de peur, de colère, de tristesse. Nous attaquer à nous-même pour ce que nous ressentons s’apparenterait à l’attaque d’un autre dragon qui attaquerait notre premier dragon, soit une double peine. Si nous n’avons pas conscience de nos émotions difficiles ou si nous les rejetons, alors elles nous contrôlent, nous submergent. Nous ajoutons à notre émotion initiale la honte et la culpabilité. Ce qui est obscur, souterrain, ce qui nous fait peur peut être accueilli, mis au grand jour pour vivre avec clarté, amour et liberté. Alors le dragon peut devenir le gardien de nos plus beaux trésors. Apprivoiser l’émotion Surmonter notre émotion n’est pas la fuir ou la nier mais la reconnaître, l’apprivoiser, être intime avec elle. Il faut lui apporter du soin et de l’amour. Lors de notre pratique, nous pouvons veiller à ne pas confondre équanimité et rejet de l’expérience. Il est parfois facile, sous couvert de l’équanimité, de se dire que les choses ne sont pas si graves, je peux apprendre à vivre avec. La première étape est de bien reconnaître l’émotion que nous avons ressentie et de prendre le temps de l’accueillir dans notre corps pour ensuite prendre de l’espace face à elle et agir en conséquence. Lorsque nous vivons des émotions difficiles, voire difficilement supportables, l’autocompassion peut nous permettre de les tolérer, de les traverser. Elle nous apprend à devenir notre meilleur ami, à nous soutenir, nous apaiser lors de moments difficiles. Nous apporter de la douceur et de la tendresse dans ce ressenti, un souffle tendre dans les sensations corporelles tendues, peut être des mots doux, de soutien. Progressivement, l’amour nous met dans un état de confiance, de non-jugement, d’ouverture vis-à-vis de ce qui est là pour nous. En apportant de l’amour et de la confiance à notre émotion, nous prenons le chemin du courage, de la vérité et de la liberté. Nos dragons sont nos trésors.