Tout ce qu’une personne pense et réfléchit fréquemment, cela deviendra l’inclinaison de son esprit.—Bouddha Tout ce que nous pensons régulièrement colore notre expérience, chaque jour. Lorsque nous commençons à observer de plus près nos pensées quotidiennes, nous découvrons que 90% d’entre elles sont des rediffusions ! Certaines concernent des problèmes : « Je dois rappeler François à propos de mon colis. J’espère qu’il pourra enfin le ramener”. D’autres concernent nos préférences: “J’apprécie la façon dont cette personne parle.” “Je déteste conduire dans les embouteillages.” Beaucoup ont trait à de l’inquiétude ou de l’auto-jugement : « Oups, je me trompe encore. Comment vais-je m’en sortir ? « Waow, j’ai bien réussi. J’espère que cela a été remarqué ! » Notre vie est façonnée et déterminée par nos pensées. En général, nous ne sommes qu’à moitié conscients de la façon dont nos pensées dirigent notre vie ; nous nous perdons dans nos pensées comme si elles étaient la réalité. Nous prenons nos propres créations mentales très au sérieux, les approuvant sans réserve. “Ma vie a été remplie de terribles malheurs, dont la plupart ne se sont jamais produits !” dit Mark Twain. C’est que nos peurs et leurs prédictions sont peu fiables. Lorsque nous en prenons conscience, nos pensées effrayantes, apparaissent comme de simples histoires accompagnées d’émotions dramatiques. Ces histoires sont rarement la vérité. En prenant conscience des productions de notre esprit, nous découvrons une liberté radicale. Le lama tibétain Khyentse Rinpoché explique : “L’esprit crée à la fois le samsara et le nirvana”. Pourtant, il n’y a pas grand-chose, ce ne sont que des pensées. Une fois que nous reconnaissons que les pensées sont vides, l’esprit n’aura plus le pouvoir de nous tromper. Nous pouvons être obsédés pendant des mois par une relation passée ou par notre peur de l’échec au travail. Ces schémas de pensées difficiles peuvent se répéter et persister, colorant notre conscience si profondément que nous pouvons être tourmentés par eux, incapables de voir les distorsions qu’ils appliquent au réel. Si nous prêtons attention aux émotions sous-jacentes à ces pensées répétées, il y a souvent des douleurs ou des difficultés non reconnues ou non acceptées. Il peut s’agir d’un chagrin ou d’une perte que nous n’avons pas pleinement reconnu, ou encore d’une inquiétude ou d’une peur, d’un désir ardent ou d’une impulsion créative contrecarrée. Lorsque nous allons dans l’arrière-cour de notre pensée, nous nous relions à l’émotion associée, nous pouvons alors nommer l’émotion, l’accueillir avec douceur. Nommer l’émotion permet de l’apaiser. Suite à cela, nous avons besoin, délibérément, de créer des pensées positives afin de remplacer ces schémas de pensées inadaptés ou maladroits. La compréhension de ceux-ci comme de simples états maladroits signifie que nous pouvons faire quelque chose à leur sujet, au lieu de dire que nous sommes névrosés et qu’il n’y a aucun espoir. Lorsque nous sommes anxieux, nous pouvons apprendre à compter combien de fois la pensée «j’ai peur» surgit. Pour remplacer nos pensées anxieuses, nous pouvons alors murmurer les mots «Je suis fort», ou toucher un bracelet sur lequel cette formule est inscrite. Ensuite, nous pouvons choisir d’agir avec force. Si vous avez le vertige, entraînez-vous pas à pas, en allant vers les hauteurs jusqu’à ce que vous puissiez les tolérer. La même stratégie peut être utilisée pour changer les pensées dépressives et effrayantes. En pleine conscience, nous voyons comment les comportements maladroits et les états d’esprit douloureux proviennent de schémas de pensées irrationnels. Nous pouvons défier ces pensées négatives en nous exhortant à ne pas les croire et ensuite en agissant positivement en faisant ce dont nous avons peur. Faisons appel à la pleine conscience et également à l’auto-compassion : cultivons une intention large et bienveillante. Nous commençons par utiliser la pleine conscience pour identifier les schémas de pensée et les émotions sous-jacents qui conduisent à notre souffrance. Ceux-ci incluent des pensées et des sentiments de honte, de jalousie et de haine, de vengeance, d’anxiété, d’attachement et de cupidité. Ensuite, par compassion, nous changeons ce qui est dans notre esprit. Nous transformons nos pensées en une protection aimante de nous-mêmes et des autres. Nous pouvons espérer une transformation soudaine, mais dans la plupart des cas, modifier radicalement notre esprit nécessite un effort constant et patient. Le pouvoir de transformer notre conditionnement mental est maintenant scientifiquement documenté par la découverte de la neuroplasticité par les neurosciences modernes. Elles montrent comment notre cerveau peut être remodelé à tout âge. Cela soutient l’espoir profond et la compréhension intégrés dans la pratique de pleine conscience. Nous apprenons à regarder les distorsions de pensée qui créent la souffrance. Par exemple, nous pouvons remarquer quand nous projetons un problème et le généralisons à toute notre vie. Si nous avons une perte d’activité ou un revers dans notre carrière, nous pouvons penser : « Je suis un perdant. Je ne réussirai jamais. » Nous reconnaissons la nature illusoire de tels schémas de pensée comme de « fausses généralisations » et essayons de les remarquer chaque fois qu’ils surviennent. Immédiatement, nous pouvons lui substituer une pensée habile: « J’ai une belle vie et une famille aimante. Ma vie est remplie de réussites. » Nous pouvons aller plus loin. Nous pouvons apprendre à voir que les pensées déformées basées sur la haine de soi, l’agression, la vengeance et la cupidité ne sont pas dans notre véritable intérêt. Nous Aucune de ces pensées ne visent notre bien-être. Nous pouvons apprendre à reconnaître leur potentiel nocif et choisir une voie différente. Ajahn Chah a décrit cela comme la reconnaissance des mauvaises mangues. “Quand nous choisissons un fruit à manger, choisissons-nous les bonnes mangues ou les pourries ?” C’est pareil dans l’esprit. Apprenez à savoir quelles sont les pensées pourries et détournez-vous immédiatement d’elles pour remplir votre panier de beaux états d’esprit mûrs à la place. Les pensées pourries créent un sentiment de soi limité et faux. Pourtant, grâce à la pratique, nous pouvons ressentir la douleur que ces pensées produisent, les libérer et leur substituer une perspective plus sage. Ajahn Chah dit : « Quoi que l’esprit vous dise, ne tombez pas dans le piège. Ce n’est qu’un leurre. Quels que soient les commentaires négatifs et les points de vue qu’il offre, vous pouvez simplement dire : “Ce n’est pas mon affaire” et laisser tomber.” Vous pouvez dire : « Merci d’avoir essayé de me protéger. Je vais bien pour l’instant. » Avec l’abandon des pensées malsaines, un espace, un calme, une ouverture se créent pour ajouter des pensées saines d’amour et de respect de soi. Avec toute la dignité, le courage et la tendresse que vous possédez, dites à l’intérieur de votre cœur des phrases de bonté telles que : « Puissé-je être rempli de compassion pour moi-même et pour les autres. Puissé-je me tenir avec soin et respect. Puissé-je chérir ma vie. Puissé-je être rempli de bonté. » Parfois, vous sentirez leur signification. Parfois, cela sera plus mécanique ou sans effet immédiat. Peu importe. Répétez-les doucement encore et encore. Plantez ces pensées d’amour, arrosez encore et encore ces graines de bien-être jusqu’à ce qu’elles s’enracinent dans votre cœur et dans votre esprit. Extrait traduit et adapté de The Wise Heart de Jack Kornfield