Comment vous traitez-vous ? Une règle d’or nous exhorte à traiter les autres comme nous voudrions qu’ils nous traitent. J’espère cependant que nous ne les traitons pas aussi mal que nous nous traitons souvent nous-mêmes. “Quel imbécile !”, “Quelle merde !”, “Comment oses-tu montrer ton visage à nouveau en public ?” Parleriez-vous de cette façon à un ami, ou même à un étranger, d’ailleurs ? Bien sûr que non ! Ou du moins j’espère que non. Il est naturel pour nous d’essayer d’être bienveillants avec les personnes qui nous sont chères. Nous sommes soutenant quand ils échouent. Nous les rassurons lorsqu’ils se sentent mal dans leur peau. Nous les réconfortons lorsqu’ils traversent des moments difficiles. En d’autres termes, la plupart d’entre nous sont très doués pour être compréhensifs, gentils et compatissants envers les autres. Mais combien d’entre nous sont doués pour être compatissants envers nous-mêmes? Pensez à toutes les personnes généreuses et attentionnées que vous connaissez qui se battent constamment. Pour une raison étrange, notre culture nous pousse à vouloir leur ressembler – les femmes en particulier – sinon nous deviendrions et égocentriques et égoïstes. Mais est-ce vrai ? La réponse est non. Nous battre contre nous-même nous mène au manque de confiance et nous empêche de relever de nouveaux défis, parce que nous avons peur de l’autopunition qui en résultera si nous échouons. Cela rend également plus difficile de nous connecter à notre vécu intérieur parce que c’est trop douloureux. Mieux vaut blâmer quelqu’un d’autre pour nos problèmes afin d’éviter notre tyran intérieur. Au cours de la dernière décennie, Kristin Neff, psychologue, et créatrice du programme d’autocompassion que je propose, a mené des recherches sur l’autocompassion. Elle a constaté que les personnes compatissantes envers elles-mêmes sont beaucoup moins susceptibles d’être déprimées, anxieuses, peu sûres d’elles et stressées. Au contraire, elles se montrent plus résilientes, optimistes et aptes au changement. Elles ont également tendance à avoir de meilleures relations avec les autres. En conclusion, les personnes compatissantes éprouvent un meilleur bien-être psychologique. C’est logique. Lorsque notre voix intérieure nous critique et nous réprimande continuellement, nous nous retrouvons souvent dans des cycles négatifs d’auto-sabotage et d’automutilation. Cependant, lorsque notre voix intérieure joue le rôle d’un ami, d’un soutien, nous pouvons – lorsque nous remarquons un échec personnel – nous sentir suffisamment en sécurité et accepté pour nous voir avec discernement et apporter les changements nécessaires pour être en meilleure santé et plus heureux. Les trois composantes de l’autocompassion Mais qu’est-ce que l’autocompassion, exactement? En s’appuyant sur les écrits de divers érudits bouddhistes, Kristin Neff a défini l’autocompassion comme ayant trois composantes principales : la gentillesse, l’humanité partagée et la pleine conscience. La gentillesse envers soi La gentillesse envers soi fait référence à la tendance à nous soutenir et à nous comprendre plutôt que de nous critiquer ou de nous juger durement. Lorsque nous échouons ou commettons une erreur, nous nous apaisons et nous nous réconfortons, en fournissant l’attention bienveillante nécessaire pour réessayer. Pour avoir une idée de ce que vous ressentez lors du jugement de soi, essayez de tendre les deux bras sur les côtés et de serrer fort les poings. Relâchez ensuite vos poings fermés et ouvrez vos mains. C’est ce que l’on ressent en abandonnant le jugement de soi. Ensuite, prenez les deux mains et placez-les doucement sur votre cœur. C’est à cela que ressemble la bienveillance. L’humanité partagée L’humanité partagée implique de reconnaître que tous les humains sont imparfaits. Cela nous permet de relier notre propre condition défectueuse à celle de l’humanité. Nous avons alors une plus grande perspective sur nos lacunes et difficultés personnelles. La pleine conscience La pleine conscience peut être définie comme la vision claire et l’acceptation de ce qui se passe dans le moment présent. Il s’agit d’être conscient de sa souffrance de manière équilibrée afin de ne pas ignorer ni exagérer la souffrance personnelle. Paradoxalement, plus nous sommes capable d’admettre la douleur d’être un être humain limité et d’accepter ce fait avec gentillesse et équanimité, plus nous sommes en mesure de guérir notre douleur. En nous apaisant et en nous réconfortant, tout comme une mère attentionnée apaise et réconforte son enfant lorsqu’il est blessé, nous pouvons rebondir plus rapidement après les revers. Nous avons les ressources émotionnelles nécessaires pour relever de nouveaux défis et atteindre notre plein potentiel. Se tabasser n’aide personne, ni nous ni ceux qui nous tiennent à cœur. Pour découvrir les avantages de l’autocompassion, tout ce que nous avons à faire, c’est d’appliquer ces compétences envers nous-même. C’est plus facile que nous ne le pensons et cela peut changer notre vie. Si vous souhaitez apprendre à être plus bienveillant et compatissant avec vous-même, rejoignez le programme d’autocompassion MSC.